Qu’est ce que le mode survie?
Le mode survie est un fonctionnement spécial qui s’active chez les personnes quand leurs conditions de vie deviennent extrêmement difficiles et de façon chronique, souvent quotidienne.
Par exemple, c’est les conditions de guerre : de la violence quotidienne, on craint souvent pour sa vie, on ne sait pas de quoi demain sera fait. On peut avoir des difficultés pour trouver un toit, de la nourriture, de la chaleur… Avec souvent des problèmes d’alcool ou de drogue.
Par exemple, quand on est sans abri, à la rue. Cela arrive encore : de jeunes adultes et parfois même des adolescents peuvent se retrouver du jour au lendemain expulsés de leur famille qui les rejettent, sans toit, sans argent, sans nourriture. Ca arrive encore. j’en ai reçu. Cela arrive parfois lors d’un coming-out ou parce que tout simplement un parent ne veut plus payer pour la nourriture et les études de son enfant, même s’il est encore mineur.
Par exemple, cela peut être déjà dès l’enfance : un enfant, pré-ado, se trouve confronté à un parent complètement défaillant, dépressif, angoissé chronique, avec de la violence fréquente (du parent, des éventuels compagnons). Il est souvent obligé de devenir le parent de son parent qui est incapable d’assumer ses devoirs, avec beaucoup d’incertitudes….
Par exemple, si le parent est déjà en mode survie, comme dans une famille monoparentale, avec peu de moyens financiers et beaucoup d’incertitudes, sans aide.
Ce ne sont que quelques exemples, il y en a bien d’autres.
Le « mode survie » permet à la personne de fonctionner, de façon très dégradée par rapport à un fonctionnement « normal ». Il permet de s’en sortir, de trouver enfin des conditions plus propices au relâchement et à la sortie de ce mode. Cela peut durer des années. La personne se concentre sur la survie au quotidien et ne se projette plus dans le futur, ne fait plus de projets, et se focalise surtout sur ce qui est vital.
Vue de l’extérieur, elle n’a pas l’air d’aller si mal que cela et peut étonner par sa « résilience ». C’est une forme de déni. C’est de la dissociation. Bien sûr dans ce mode là, la personne va en réalité très mal, très très mal, même si ce n’est pas visible parfois et quand elle sort de ce mode, c’est le fond du fond du gouffre. La dépression.
Au cabinet, en thérapie ces personnes vont présenter des troubles plus importants (de la dissociation : certains évènements traumatisants ou parfois des périodes entières deviennent alors inaccessibles ou sont derrière une sorte de barrière dont la personne n’a pas forcément conscience) et présenter un challenge important au thérapeute même confirmé. Après tout, pour ces personnes, c’est déjà un miracle d’être encore en vie après ce qu’ils ont vécu. Souvent il y a de nombreux traumatismes, souvent sexuels mais pas que. Pour approfondir le sujet : dissociation traumatique.
C’est effectivement plus long et plus difficile de les aider et cependant, j’arrive à les aider à aller bien, en les aidant à accepter et se détacher de ces périodes traumatisantes. Il faut souvent plus de séances d’hypnothérapie que pour la moyenne des personnes. C’est un phénomène général : quelque soit l’approche de psychothérapie utilisée, cela reste plus long, plus hasardeux.
Le mélange hypnose et EMDR, que j’utilise, est un des rares moyen de les aider efficacement. Et pour les périodes ou traumatismes occultés, il y a des moyens en hypnose ericksonienne pure de travailler tout cela en utilisant des métaphores spécialement mises au point. Je donne des exercices supplémentaires d’auto-hypnose pour aider aussi entre les séances.
Evidemment, en tant que thérapeute, c’est avec ces personnes là que notre vie prend tout son sens.