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Empathie, Rapport et Thérapie : essai de clarification à l’usage des Hypnothérapeutes, thérapeutes et accompagnants.

Comme beaucoup de concepts ayant trait à nous-mêmes et à notre fonctionnement, l’empathie m’est souvent apparu comme quelque chose de complexe, flou, mal défini et par là même, d’autant plus sujet à différentes conceptions et interprétations….

Souvent associée à la bienveillance sans en être, parfois conduisant au burn-out dans certaines circonstances, nécessaire à l’accompagnement (ou en thérapie) pour l’établissement du fameux rapport (thérapeutique), autre concept tout aussi flou.

Oui, mais alors dans quelle mesure?

J’avoue ne pas avoir profondément cherché dans la littérature ni sur le net. La définition donnée par Wikipédia de l’empathie, probablement couramment admise, est : “à la fois une aptitude psychologique et les mécanismes qui permettent la compréhension des ressentis d’autrui”. Finalement, peu éclairant et donc peu utile.

J’ai eu donc envie de partager mes réflexions avec les autres.

Si on s’en tient à l’utilisation de ce terme dans le langage courant, on peut s’apercevoir que probablement beaucoup de personnes, quand on les interrogent,  ressentent autre chose : pour eux, leur interlocuteur a de l’empathie quand ils se sentent :

-entendus, écoutés,

-compris,

-acceptés,

-reconnus,

-accueillis,

-soutenus,

-sécurisés,

-aimés.

Exemple : « C’est un moment difficile à traverser! … Et je suis là pour vous aider à le surmonter. »

Et aussi parfois quand ils ressentent à leur tour que leur interlocuteur empathique (l’accompagnant) a :

-de la peine pour eux, est bouleversé,

-réagit de manière identique à eux, en éprouvant les mêmes émotions.

en réalité, il a bien plus que de l’empathie, on est dans le registre de la sympathie!

Exemple : « C’est terrible, j’ai de la peine pour vous! »

Alors comment concilier tout cela?

On peut concilier tout cela quand on considère que l’empathie, cette fameuse “aptitude psychologique”, permet à l’autre se se sentir alors : écouté, compris, accepté, reconnu, accueilli…
A mon sens, cela veut dire que l’interlocuteur empathique, l’accompagnant, projette (au sens “envoyer vers”) de l’écoute, de la compréhension, de l’acceptation, de la reconnaissance, du soutien, de l’accueil, du soutien, de la sécurité, de l’affection… C’est là aussi qu’entre en ligne de compte la bienveillance, qui est aussi projetée vers la personne, vers l’accompagné…

En fait, on projette pour satisfaire les besoins issus des manques de l’accompagné et de facto, cela construit le rapport dans la relation d’aide et dans toute relation d’une façon générale. C’est ce qui peut rendre les personnes addictes à la thérapie aussi. C’est ce qui fait que les personnes qui manifestent une forte empathie ont tendance à attirer les personnes qui ont des manques ou des besoins émotionnels importants.

Et que se passe-t-il quand l’accompagnant a de la peine, est bouleversé ou éprouve à son tour leurs émotions aussi? A mon sens, on pourrait dire qu’il est en synchronisation forte, qu’il ressent et partage alors leurs émotions et donc leur stress, leur mal-être et donc directement ou indirectement leurs problèmes… C’est donc un danger pour un hypnothérapeute ou toute personne dans le domaine de l’accompagnement! Et cela conforte la personne dans ses émotions, ses ressentis, ses impressions, cela l’empêche donc de se détacher pour surmonter.

Autant projeter ce qui manque à l’autre n’est en principe ni stressant ni fatiguant, par contre, quand l’accompagnant ressent partiellement les émotions de l’autre, cela le  conduit alors à partager ses problèmes. Et plus on ressent alors les émotions de l’autre, plus on partage ses problèmes, même si on reste conscient qu’il s’agit de ses problèmes. A terme, si cela se produit souvent, intensément, cela peut conduire à une fatigue qui s’accumule, un épuisement, voire au burn-out de l’accompagnant. On appelle souvent cela “éponger l’autre”.

Cette capacité à ressentir ce que ressent l’autre est cependant utile, elle nourrit l’intuition de l’accompagnant et lui permet d’avoir, dans une certaine mesure, un langage, des idées, des métaphores adaptées à l’accompagné.

Comme souvent, c’est la dose qui fait l’effet, il s’ensuit que l’on peut ressentir un peu les émotions de l’autre et pas suffisamment  pour commencer à être impacté. le “réglage” est délicat, demande du travail et une veille car l’accompagnant est souvent tiraillé entre le besoin (qui est compulsif) ou l’envie (qui relève du choix) d’aider l’autre, donc de s’ouvrir davantage à l’autre et le besoin de veiller à son propre bien être. Il est donc important à mon sens que l’accompagnant ait fait un travail sur lui-même pour éviter de se sacrifier et ainsi y laisser des plumes…  C’est d’autant plus nécessaire si le thérapeute a initialement lui-même besoin d’être entendu, compris, accepté, reconnu, aimé….

Même ainsi, le réglage reste fluctuant car il reste fonction bien sûr de la personnalité de l’accompagné. Ainsi, si l’accompagnant et l’accompagné ont des personnalités, des fonctionnements proches, le rapport, la synchronisation et l’ouverture à l’autre seront plus prégnants, plus intenses, plus impactants et la rétroaction mutuelle plus forte. Si, qui plus est, certaines des souffrances de l’accompagné résonnent chez l’accompagnant, le coût émotionnel sera plus important pour lui. De plus, l’accompagné peut élaborer l’impression que son problème  va être difficile voire impossible à résoudre puisque le thérapeute qui est sensé aller mieux que lui et l’aider à changer,  finalement, souffre du même problème (attention “souffrir du même problème”  et “fumer la cigarette” ne sont pas la même chose…).

Comment ajuster tout cela en soi ? En allant voir un collègue expérimenté ayant été confronté à ce genre de problème et en allant jusqu’au bout de la thérapie,

Jusqu’à ce que répondre aux attentes des autres soit un choix et pas un devoir.

jusqu’à ce qu’on puisse dire 3-4/10 à la question, “A quel point je ressens le stress et le mal-être des autres sur une échelle de 0 à 10 ?”.

Jusqu’à ce qu’on puisse dire 3-4/10 à la question, “A quel point je ressens que les séances me fatiguent si la journée est complète (8 personnes) sur une échelle de 0 à 10 ?”.

Jusqu’à ce que les manques et les besoins cités précédemment soient devenus suffisamment faibles.

Pour ce qui est de projeter, cela, on peut le construire en soi en faisant du renforcement, des visualisations.

Tous mes remerciements à mes collègues Jean-Claude Laborde, Philippe Miras, Mario Sicchio pour leur lecture et leurs remarques pertinentes!

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